samedi 15 août 2015

Ce que l’Occident doit au monde arabe

L’astrolabe universel inventé par l’astronome arabe andalou El-Zarqali permettait aux marins de s’orienter dans les deux hémisphères. A gauche, un maître arabe enseigne son utilisation. A droite, un détail du psautier de saint Louis et Blanche de Castille, du XIVe siècle, qui montre deux clercs faisant des relevés avec l’«instrument des étoiles». MUSÉE TOPKAPI/BIBLIOTHÈQUE NATIONALE DE PARIS/IN «L’ISLAM EN EUROPE», ED. HERSCHER

Géographie, mathématiques, médecine, astronomie, architecture, beaux-arts... L’héritage légué par l’islam pendant des siècles à l’Europe a eu une influence majeure sur notre civilisation.Tour d’horizon.

«La médecine est l’art de garder la santé» AVICENNE

La peur actuelle de l’islam militant tendrait à nous le faire oublier: au Moyen Age, la civilisation arabo-musulmane a eu une influence culturelle majeure sur l’Occident. Du VIIIe siècle à la Renaissance, au fil de ses conquêtes et de ses vastes échanges économiques, le monde arabe a illuminé l’Europe obscure de ses découvertes scientifiques et de ses splendeurs artistiques, après avoir habilement assimilé les savoirs grec, indien, babylonien et persan. Ses trésors intellectuels et de raffinements, partagés dans un dialogue et une stimulation réciproque, ont contribué grandement au développement de la civilisation occidentale. Un petit tour d’horizon de ces «mille et une» merveilles, souvent encore palpables aujourd’hui, suffit à s’en convaincre.

Les traductions arabes 

Alors que depuis le IIIe siècle, l’activité savante est engourdie dans le monde romain puis byzantin, à Bagdad, la dynastie abbasside ranime la flamme au VIIIe siècle, en initiant un vaste mouvement de traduction en arabe des manuscrits scientifiques et philosophiques de l’Antiquité, qui étaient alors surtout en langue grecque. Pendant deux siècles, plusieurs foyers culturels musulmans vont alors fleurir dans tout le califat, jusqu’à Samarkand en Asie centrale et Fustat (Le Caire) en Egypte, mais aussi jusqu’à Cordoue et Tolède en Espagne, dans le califat des Omeyyades. De nombreuses œuvres antiques de Platon, Aristote, Ptolémée, Euclide ou Galien arrivent ainsi en Andalousie dans des versions arabes. Elle sont commentées par de grands esprits, comme Averroès. Lors de la reconquête, ces œuvres tombent en mains chré- tiennes. Un second mouvement de traduction se met alors en marche, cette fois de l’arabe vers le latin. Il va durer à nouveau deux siècles, de 1100 à 1300, et permettre aux Occidentaux non seulement de renouer avec la pensée grecque, mais de découvrir les vastes progrès du monde arabe.

Les mathématiques 

Au Moyen Age, les Européens ne disposaient que des chiffres romains. Ils devaient recourir aux jetons, sur des tables de compte, pour faire péniblement leurs calculs. Les travaux du Persan Al-Khowarismi, installé à Bagdad, vont alors révolutionner les mathématiques. Vers 825, il explique les neuf «chiffres arabes», dont l’origine est indienne, le zéro, la numération de position (distinguant les unités, les dizaines, les centaines, etc.) et les quatre opérations de base du calcul écrit. Le savant consacre d’autres ouvrages à l’algèbre, l’astronomie, la géographie et le calcul du calendrier. En Europe, la «première étincelle» jaillit vers 1143 à Tolède, lorsqu’AlKhowarismi est traduit en latin par des moines, raconte le professeur honoraire Alain Schärlig, dans un ouvrage passionnant sur la conquête européenne des chiffres arabes 1. La seconde étincelle viendra de Léonard de Pise, qui est allé se former auprès des mathématiciens arabes et des marchands en Afrique du Nord. En 1202, il achève un énorme manuscrit incluant les calculs nécessaires aux commerçants, dont la règle de trois. Des écoles de calcul s’ouvrent, mais la diffusion sera lente et sujette à résistance. En 1299, le Conseil de Florence interdit d’ailleurs aux banquiers de la ville l’utilisation des nouveaux chiffres, soi disant trop faciles à falsifier.

La médecine 

Si la traduction arabe des traités de médecins grecs antiques comme Hippocrate ou Galien a permis à l’Occident chrétien de les redécouvrir, c’est toutefois la médecine proprement islamique qui a fourni les plus belles avancées médicales à l’Europe au Moyen Age. Les principaux progrès, on les doit en particulier à l’iranien Ibn Sina, alias Avicenne, auteur d’une monumentale encyclopédie médicale, pour qui la médecine était «l’art de garder la santé et éventuellement de guérir la maladie survenue dans le corps». Ou encore au médecin Al-Razi, initiateur de l’usage de l’alcool en médecine. On doit également aux arabes la description de la circulation sanguine pulmonaire, de nombreux diagnostics médicaux ou encore des opérations chirurgicales telles que la cataracte. L’entrée d’une partie du corpus arabe dans l’enseignement européen s’est faite grâce à l’initiative de Constantin l’Africain.

Les services hospitaliers 

Les musulmans étaient aussi des pionniers en matière de médecine hospitalière. Au IXe siècle, Bagdad possédait déjà son hôpital. Des dizaines d’autres furent ensuite construits dans les métropoles régionales. Ces établissements, qui servaient également de lieu d’enseignement de la médecine, comprenaient divers services, comme la médecine générale, l’ophtalmologie ou l’obstétrique, avec leurs spécialistes respectifs. Certains hôpitaux avaient une section pour les aliénés. Une pharmacie approvisionnait les malades sur ordonnance. L’organisation des hôpitaux islamiques a probablement influencé les croisés à Jérusalem et au Proche-Orient. Mais pareils hôpitaux n’ont été ouverts qu’au XIVe siècle en Espagne. Les hôpitaux du monde chrétien s’en sont sûrement inspirés, mais tirent aussi leur origine des lieux d’asile et hostelleries organisés pour l’accueil des pèlerins, malades, lépreux, pauvres ou vieillards.

Astronomie et géographie 

Très florissante au Moyen Age, l’astronomie arabe intègre les découvertes antiques d’Hipparque et Ptolémée, mais va beaucoup plus loin, avec la description détaillée des constellations, la réalisation de cartes du ciel et le perfectionnement d’instruments astronomiques, comme l’astrolabe. Les savants arabes sont aussi de fins géographes et cartographes, qui facilitent la vie des commerçants. L’Occident en profitera largement, découvrant, grâce au zèle des marchands, toutes ces saveurs orientales qui font notre petit bonheur au quotidien, café, sucre, agrumes, épices, sirops ou sorbets. Autant de douceurs qui, pour sûr, ne laissent pas indifférent... I 1 «Du zéro à la virgule - Les chiffres arabes à la conquête de l’Europe», Alain Schärlig, Presses polytechniques et universitaires romandes, 2010.

LA CIVILISATIONARABO-MUSULMANEAU MIROIR DE L’UNIVERSEL 

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dimanche 9 août 2015

Islamisation du l'Algérie


La conquête militaire arabe du Maghreb qui a duré de 641 à 711, est lente et difficile. La résistance était plus marquée dans les Aurès et la région de Tlemcen, où les Berbères s'organisent en structure étatique. Les Arabes sont également repoussés par les troupes du royaume des Djédars et les dernières garnisons byzantines. Les figures les plus connues de ce conflit sont le roi chrétien Koceila, qui vainc Oqba Ibn Nafaa en 689, près de Biskra, puis la reine guerrière Kahena, qui est à la tête des Berbères des Aurès. En 693, elle inflige prés de Meskiana, une sévère défaite au corps expéditionnaire arabe de Hassan Ibn Numan, qu'elle repousse jusqu'en Tripolitaine. Mais elle est vaincue par la suite.
Dans le Maghreb central, les kharidjites œuvrent efficacement à l'islamisation des territoires. Au 8e siècle, les insurrections se multiplient contre les Omeyyades, en raison des impôts imposés aux Berbères et qui sont, en principe, réservé aux non-musulmans. L'Islam se diffuse ensuite depuis les mosquées, les centres de savoir religieux tel que Tahert et Kairouan, les ribats et les zaouïas. La conversion définitive des Berbères s'achève au 9e siècle, mais des îlots de christianisme subsistent jusqu'au 12e siècle.
Le processus de l'arabisation est plus long. La diffusion de la langue arabe est d'abord l'œuvre des miliciens arabes qui s'installent notamment dans les forteresses byzantines du Constantinois puis à partir des cités telles que Tahert et Tlemcen. L'usage de cette langue devient plus répandu avec l'arrivée des tribus des Arabes hilaliens dans les plaines, les hauts plateaux et le désert. Plus tard, les immigrés andalous et les confréries religieuses contribuent à d'autres avancées de l'arabisation. Le berbère subsiste dans les massifs montagneux notamment en Kabylie, les Aurès, le Dahra et l'Ouarsenis

L'apogée du kharidjisme


Après la conquête musulmane du Maghreb, les berbères se révoltent contre le régime omeyyade, ses révoltes s'associent au milieu du 8e siècle au dogme kharidjite qui les séduit par son puritanisme et son message égalitaire et gagnent une bonne partie du Maghreb. À partir du 741, le Maghreb central gagne son autonomie, sous l'emblème du kharidjisme. Abou Qurra, chef de la tribu des Ifren,fonde le royaume sufrite de Tlemcen. Mais l'entité kharidjite la plus importante en Algérie est celle de la dynastie des Rostémides. Dans le reste du Maghreb deux autres dynasties s'installent : les Aghlabides sunnites de Kairouan et les Idrissides chiites de Fès.
En 760, Ibn Rustom, kharidjite d'origine perse installé en Ifriqiya, est attaqué et vaincu par le gouverneur arabe d'Égypte. Il abandonne l'Ifriqiya aux armées arabes et se réfugie dans l'Ouest algérien où il fonde Tahert en 761 qui devient la capitale du royaume rostémide. Un État théocratique réputé pour le puritanisme de ses dirigeants, le commerce florissant, son rayonnement culturel ainsi que sa tolérance religieuse. Celui-ci, comme l'émirat de Cordoue depuis sa création en 756, conserve son indépendance du califat des Abbassides, malgré les pressions diplomatiques et militaires ainsi que les pertes de territoires.
En 767, Abou Qurra, uni aux kharidjites de Tahert et du djebel Nefoussa, lance une expédition vers l'est. Ils cernent le gouverneur abbasside dans la forteresse de Tobna dans le Hodna et gagne Kairouan. Cependant, le calife envoie de l'Orient une forte armée sous le nouveau gouverneur Yazid ibn Hatim qui défiaient les kharidjites en Ifriqiya, mais le reste du Maghreb échappent à l'autorité de Bagdad. De retour à Tlemcen, son pouvoir est battu en brèche par les tribu des Maghraoua. Idris Ier négocie avec les Maghraouas la remise de la ville de Tlemcen, et un de ses descendants, Muhammed b. Sulayman, crée dans la région le « royaume sulaymanid », un État qui ne semble contrôler que les villes et qui prend fin sous les Fatimides en 931.
En 800, un gouverneur arabe du Zab, Ibrahim ibn al-Aghlab obtient le titre d'émir et fonde la dynastie des Aghlabides, une dynastie qui, sans rompre avec les califs abbassides, demeure indépendante. Cette dynastie a occupé la partie orientale du pays, cependant les Aurès et la petite Kabylie leur échappent.

Algérie, Le 5 Octobre 1988 ! Déjà la guerre des clans.

Le 5 Octobre appartient au patrimoine des révoltes de la jeunesse algérienne contre une certaine forme d'oppression. On devrait ...